J’ai toujours aimé cette deuxième partie d’un proverbe, plus que la première qui émettait une interdiction En avril, ne te découvre pas d’un fil.
La liberté, je le crois, triomphe toujours de l’interdit.
J’ai toujours aimé le mois de Mai, fêté dans de nombreuses traditions, mois du renouveau de la nature, où on cueillait le muguet porte-bonheur, où on plantait un arbre, symbole de vie.
En mai, le joli mai d’Apollinaire
C’est dans le mois de mai en montant la rivière de la chanson populaire.
Mai porteur d’espoir.
S’il était vrai que le mois de sa naissance forge son destin, je dirais que le mois de mai a forgé le mien.
Une naissance dans la peur et la guerre, avec, malgré tout l’espoir en héritage, puis, un an après, la paix, enfin!
Si je ne crois pas au destin, je crois à la force des origines, à l’importance de ses ancrages en nous, racines sur lesquelles nos branches et feuillages trouvent leurs forces.
Pour moi, les brins de muguet envoyés chaque année par mes parents, puis par ma sœur ont bien été des porte -bonheur puisqu’ils étaient des porte-amour.
Pourtant le joli muguet de mai est aussi une plante toxique…
Nulle perfection, nulle paix éternelle, tout change et se transforme.
Et c’est bien ainsi, puisque bourreaux et tyrans meurent à leur tour, puisqu’après un temps, les vainqueurs temporaires ont besoin des vaincus.
Mais rien n’empêche, au contraire, de profiter des temps de répit, de les souligner, de les fêter.
C’est ce que j’ai fait en participant à un atelier de Kasala, sur les transitions de vie (https:\kasalaction.org/cest-quoi)
Voici mon Kasala, pour mes 80 ans.
La Funambule
Vous arrivez mes quatre-vingts ans
Je vous accueille
Bras ouverts
C0eur vibrant
Tête chercheuse
D’étoiles à venir
Mon corps se courbe
Mes pas hésitent
Mais droite en dedans
Je marche devant
Devant quoi?
C’est à suivre
À suivre
En me suivant de près
Toujours plus près
Je suis une funambule
Je trottine sur le fil
D’un peloton de laine
Déroulé par mes grands-mères
Tendu entre deux océans…
Entre deux pays
Un pays qui n’est plus tout à fait le mien
Un pays qui n’est pas encore advenu
Entre montagnes et fleuve
J’avance en équilibre instable
Le monde est une branloire pérenne
C’est bien vrai, cher Montaigne
Et comme je m’ennuierais
S’il en était autrement
Équilibre instable
Entre souffrances et joies
Entre pleurs et rires
Entre passé et avenir
Mes liens d’amour, d’affection, d’amitié
Me servent de balancier
Je marche grâce à vous
Mes parents, mes grands- parents
Vous n’aviez nul besoin d’apprendre
À respecter la nature
À ne pas gaspiller
Vous l’avez toujours su
Vous m’avez montré le courage
De traverser les temps de guerre
Vous les précurseurs
Mes précurseurs
Je marche avec toi, ma sœur
Je t’ai fermé les yeux
Un jour, quelqu’un fermera les miens
Et c’est bien ainsi
Moi Andrée qui ai reçu un prénom d’homme
Je suis devenue une femme
Fière de l’être
Auprès d’un homme aimant.
Anima. Animus
Animus Anima
C’est bien!
Moi Andrée
Humaine, parmi les humains
Vivante, parmi les Vivants
Le Vivant
Je marche pour un temps encore
Peu de craintes pour moi
Mais beaucoup pour un monde
Qui bascule
Que l’espoir m’accompagne
Jusqu’au bout
Andrée Condamin
Atelier animé par Danièle Monette et Andrée Déry
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