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Au fil des jours, je partagerai avec vous des écrits sur ce qui m'inspire.

Gris novembre et l’exigeante exigence de l’espoir

En ce de début de novembre 2020, j’aurais bien envie de rester au chaud, enroulée dans la couette, avec un bon livre. Pourquoi pas? Je n’ai rien de spécial à faire, mis à part le ménage ou les répétitifs rangements. Si j’ai un don, c’est celui de mettre le bordel dans le placard que je viens de ranger. Au fait bordel est-il un mot interdit? Il faudrait que je vérifie maintenant que la censure des mots remplace la lutte pour le changement des choses. Donc, j’ai un don pour remettre du désordre là où je venais de mettre de l’ordre. Est-ce assez politically correct et suffisamment plate?

Mon compagnon m’a gentiment proposé d’aller marcher. Ce serait bon pour ma santé mais ce matin de ma santé je n’en ai rien à foutre. Excusez- moi. Ma santé ce matin m’indiffère. C’est mieux non?

Le climat ambiant m’affecte, me décourage, me déprime, m’écrase, m’aplatit comme une crêpe. Je ne parle pas des premiers flocons de neige, du vent, des trous dans les rues où je me tords les pieds, des autobus cacochymes ( pourvu qu’un censeur ne prenne pas ce mot pour une insulte) dont les cahots me forcent à tenir mon masque, au risque de tomber si je ne me retiens plus que d’une main à la poignée.

Je peux accepter tout cela.

Mais il y a des choses qui ne passent plus, qui restent collées au fond de ma gorge, que je ne digère pas, ni au sens figuré, ni au sens propre. Avant j’aurais dit qu’elles me faisaient bondir mais, dans ma lente et inexorable glissade vers la vraie vieillesse, il y a longtemps que je ne bondis plus.

Rester tapie au fond de mon lit ne réglant pas les choses, je vais essayer de les exorciser. D’autres méditent, font des prières. Moi ce sont les mots partagés qui m’allègent le cœur.

Aujourd’hui, ils sont mus par la colère. À défaut d’être sainte, j’espère qu’elle est saine ; en tout cas elle est plus porteuse qu’une déprime au fond du lit.

Voilà quelques jours, qu’en plus des nouvelles menaçantes sur la pandémie, la folie meurtrière, individuelle ou organisée, tue, sabre au clair comme le criaient les généraux dans les guerres d’autrefois, ou couteau de boucher à la main.

Le lendemain des drames, on transforme en héros des gens que jusque-là on laissait dans l’ombre. En France, un professeur mal payé, qui n’avait pour médaille que sa passion d’instruire, passe pour quelques jours dans la lumière des spots éblouissants, des discours discourants, jusqu’à ce qu’un autre titre fasse la une.

Au Québec, un homme, visiblement aux prises avec une maladie mentale, fait un carnage et voilà que soudain on s’inquiète de ce grave problème social. Comme si on ne savait pas et depuis longtemps qu’il fait des ravages, comme si on ignorait que les travailleurs sociaux, débordés, n’arrivent plus à colmater les brèches et font burnout sur burnout, Comme si les listes d’attentes d’un an, pour voir un psychologue dans un CLSC, ne posaient pas problème.

On ne savait pas non plus, n’est-ce pas, qu’il y avait, bien avant la pandémie, des problèmes dans les résidences de personnes âgées.

La société est un grand corps malade qu’on soigne avec de l’aspirine quand il y urgence.

J’espérais que les élections américaines me donneraient un peu de vigueur.

J’espérais que les élections américaines me donneraient un peu de vigueur.

Certes, j’ai été soulagée que le mensonge érigé en vertu, le narcissisme pathologique n’ait pas triomphé. Et je suis réjouie avec les foules en liesse Mais je n’attends pas grand-chose d’un pays où un président appuyé par soixante-sept millions d’habitants demande d’arrêter de comptabiliser les votes, à une cour suprême où il vient de placer un pion ; d’un pays où religion et religiosité sont si prégnantes qu'un candidat déclarant qu'il ne crois pas en Dieu n'aurait aucune chance d'être élu.


Comment le pourrais-je ? Alors que la démocratie, obtenue après de longues luttes est en danger.

Comment pourrais-je faire confiance à ce pays, moi, pour qui l’athéisme est une croyance aussi solide qu’une croyance peut l’être, moi qui viens fièrement de parents instituteurs laïques et tolérants, moi qui pense que l’état et la religion doivent être clairement séparés pour que tous puissent avoir une place sécuritaire, qu’elles que soient leurs croyances.

Je pourrais parler du déni sur les questions environnementales, de la Bourse de New-York qui grimpe puisque le nouveau président bloqué par le Sénat ne pourra pas mettre sur pied son programme qu’on qualifie de socialiste ! Les richissimes, les criminels en costume et cravate ( je sais ,je sais tous ne le sont pas mais je viens d’entendre l’expression dans la bouche de Marc Lévy, qui passe de manière inattendue de l’encre rose à l’encre noire ) pourront continuer leurs traficotages

Face à ces dérives, qui un peu partout dans le monde ont des relents fascisants nauséabonds que faire ?

Me recoucher avec un roman de type Harlequin, puisque les thrillers dénoncent la corruption de façon trop proche de la réalité pour être une panacée ? Imiter le Candide voltairien qui, après avoir affirmé malgré les désastres que tout est beau dans le meilleur des mondes, conclut qu’il va dorénavant cultiver son jardin. Mais je n’ai jamais cru au meilleur des mondes et de toutes façons je n’ai pas plus la main verte que l’art du ménage.

Je ne vais certainement pas affirmer que c’était mieux avant, en ce mois où l’on souligne le triste anniversaire d’une guerre meurtrière et folle dont le seul résultat a été de préparer la suivante.

lI me reste l’écriture comme arme pacifique, pas si inoffensive que ça puisque les dictateurs aussitôt auto-proclamés, brûlent les livres de ceux qui ne pensent pas comme eux.

Bien sûr, je n’ai pas la notoriété des auteurs qui subissent des autodafés, mais écrire est une façon de faire ma petite part.

Dans mon jardin intérieur, bêché et rebêché, au-dessous des couches marécageuses de surface agitées par la colère, j’ai retrouvé un fonds plus clair, où l’espoir peut luire encore.

L’exigeante exigence de l’espoir

Le premier vers d’un poème de Verlaine m’est venu en mémoire.

L’espoir luit comme un grain de paille dans l’étable

L’espoir brille toujours même dans les moments sombres.

Il brille dans les flammes douces des lampions

Humbles hommages aux victimes de la triste folie

Il brille dans les rires des enfants déguisés en inoffensifs diablotins

Dans le courage des infirmières, des médecins qui luttent, jour après jour, pour sauver des vies,

Dans les mains secourables

Dans les paroles aimantes.

Il étincelle dans les flamboyances de la nature,

Pleines lunes, couchers de soleil

Arcs en ciel après les orages

Rappel de l’éternel changement.

Mais, si au cœur des troncs d’arbre gelés la sève monte déjà, inexorablement,

Il n’en est pas de même en nous, humains.

De l’élan de vie, de l’élan d’amour,

de l’espoir.

Nous avons à nous occuper.

À les cultiver.

C’est exigeant, mais nécessaire.

Verlaine conclut dramatiquement un autre poème par ces mots

L’espoir a fui vaincu vers le ciel noir.

Il y a des moments où je serais tenté de lui donner raison

Mais, toujours, à ces moments-là

Quelque chose me montre le brin de paille qui luit.

Le rire en grelots d’un enfant

Cette marguerite encore belle sous le gel

Les courriels amicaux

L’amour que je reçois

Des phrases qui rayonnent en moi.

En ce moment la magnifique lecture de Manières D’être vivants

dont l’auteur fait du pistage de loups, une philosophie, un art de vivre.

…est pisteur tout humain qui active en lui un style d’attention enrichi au vivant hors de lui : qu’il estime digne d’enquêtes et riche de significations…

Pister l’espoir

Même quand il est difficile à voir

Beau projet

L’élan de vie

Aucun dictateur

Aucun terroriste

Qui transforment leurs blessure en crocs acérés

Ne pourra le faire taire.

- A. Condamin

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